Interview du Maire d'Antony
- GREEN METROPOLE
- 5 sept. 2023
- 4 min de lecture

«La mixité fonctionnelle est un enjeu majeur des quartiers de demain»
Entre aménagements urbains, réhabilitation, sensibilisation et prévention dans les écoles ou encore mobilisation citoyenne, depuis des années Antony prend des mesures pour lutter contre le dérèglement climatique. Entretien avec Jean-Yves Sénant, maire de la Ville depuis 2003.
À l’image du futur quartier Jean-Zay, la Ville durable de demain passe-t-elle nécessairement par la construction de quartiers mixtes ?
Les quartiers de demain, ce sont avant tout des quartiers où il fera bon vivre. Entre aménagements urbains, réhabilitation, sensibilisation et prévention dans les écoles ou encore mobilisation citoyenne, depuis des années Antony prend des mesures pour lutter contre le dérèglement climatique. Entretien avec Jean-Yves Sénant, maire de la Ville depuis 2003. Nous devons créer les modalités pour que l’habitant se réapproprie l’espace social dans lequel il évolue : il reste le principal utilisateur du territoire urbain et il est essentiel qu’il y soit heureux. Il nous incombe la responsabilité de reconsidérer davantage l’importance des lieux et de leurs fonctions socio-urbaines. La mixité fonctionnelle est un enjeu majeur des quartiers de demain : diversification d’habitat, mixité sociale et intergénérationnelle, mobilité partagée et de courte distance (travailler, faire ses courses, accès aux services publics...), articulation entre le volet urbain, social et environnemental. En ce sens, Jean Zay se veut le plus résilient possible avec une diversité d’habitats, de services publics, l’usage lorsque c’est possible de la géothermie comme pour son groupe scolaire et surtout l’accessibilité à proximité immédiate des transports ; le RER B et la nouvelle ligne de tramway T10. Le coeur du quartier sera d’ailleurs piéton.
Il est possible d’envisager une hausse des températures jusqu’à 4°C dans les années à venir. Comment adapter la Ville au réchauffement climatique ?
Nous devons à la fois réduire localement notre empreinte carbone, mais aussi lutter contre les îlots de chaleur. Pour cela, nous veillons depuis deux ans à la reconstruction de toutes nos rues et nos trottoirs en revêtement de couleur claire. Nous remplaçons chaque fois que c’est possible les sols des espaces publics de circulation et de stationnement en sols capables d’absorber les eaux de pluie et la chaleur du soleil. Nous venons de modifier le PLU pour préserver les coeurs d’îlots qui peinaient à résister à la pression foncière. En bref, nous nous employons à limiter les effets des îlots de chaleur. Antony doit progressivement voir sa température se rapprocher de celle des campagnes.
Un des enjeux majeurs de la transition écologique est la réduction des consommations d’énergie. La consommation nette d’Antony est aujourd’hui de 20 millions de kWh - éclairage compris. Vous avez prévu de la réduire à 6 millions de kWh en 2032. Comment y parvenir ?
Nous entendons y parvenir par un effort constant de sobriété énergétique : isolation de nos bâtiments, en commençant par les écoles, remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur électriques, production d’énergie photovoltaïque en équipant les toits de nos bâtiments publics de panneaux solaires. Par ailleurs, nous allons équiper la ville d’un réseau de chauffage urbain alimenté par la géothermie.
Le projet “Antonypole” se veut être la future vitrine économique de la Ville. Comment combiner développement économique et transition écologique ?
Le projet a beaucoup évolué depuis son lancement, la ville d’Antony est accompagné d’une part par l’Atelier AUC qui s’est vu décerner le Grand prix de l’urbanisme en 2021 par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, mais également par l’Atelier Michel Desvigne pour le paysage. La Ville leur a demandé de bâtir un quartier aux dernières normes environnementales, plongé dans la verdure, plus dense que ce qui existe aujourd'hui à Antony, mais moins que ce qui se réalise aux environs, un quartier où on ait envie d'habiter et de travailler. Le plan guide qu'ils ont conçus intègre en son coeur, autour de la future gare Antonypole, le projet primé en 2017 par le jury du Concours "Inventer la Métropole", organisé par la Métropole, la société du Grand Paris et la Préfecture de Région.
Ce projet de plan guide prévoit de réserver la frange autoroutière, longue de 1 km, à des locaux d’activités qui seront effectivement la vitrine économique de la ville et feront aussi office de protection antibruit pour les immeubles d’habitation voisins.
À Antony, de nombreuses initiatives ont été prises dans les écoles (végétalisation des cours d’école, création de potagers dans les écoles et centres de loisirs, ramassage des déchets...).
Pourquoi est-ce important de sensibiliser particulièrement les plus jeunes ?
Parce que c'est l'avenir ! Permettez-moi d'emprunter la formule de Saint-Exupéry : nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants.Il y a déjà dans cette nouvelle génération une véritable conscience de la préservation de notre environnement, là où nous, générations précédentes devions prendre conscience de ce sujet. Pour autant, la sensibilisation aux défis environnementaux doit se poursuivre et nos équipes éducatives se sont saisies du sujet.À titre d'exemple, notre centre municipal de loisirs a été élu cette an- née encore champion de France des potagers, dans la catégorie « On est prêt », sur la gestion des ressources et l'adaptation au changement climatique.
De manière plus générale, pourquoi est-ce essentiel de place la coopération citoyenne au coeur de la politique verte de la Ville ?
Nous faisons la ville pour ses habitants, ils sont eux-mêmes pourvoyeurs de cette démarche : près de 150 projets ont été déposés lors de la troisième édition de notre Budget Participatif en 2021 exclusivement consacrée au développement durable. Tri sélectif dans les parcs, plantation de micro-forêts, jardins collectifs, cadastre solaire sont autant de projets qui soulignent l’intérêt des antoniens pour leur cadre de vie. La transition écologique à laquelle nous oeuvrons implique une prise de conscience des responsabilités collectives pour y faire face. Au niveau communal, on sait faire, à une autre échelle également comme Vallée Sud Grand Paris, l’intercommunalité à laquelle Antony appartient. VSGP s’est engagée dans cette dynamique en co-construisant son PCAET avec les acteurs du Territoire. Pour bien faire, nous avons besoin d’une mobilisation de toutes les compétences territoriales au profit d’une dynamique collective : associations, habitants, bailleurs, établissements scolaires, services publics, aujourd’hui la transition écologique, c’est l’affaire de tous, on parle même de transition socio-écologique !





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